Mon livre, ma bataille.

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Ecrire un livre, c’est bien. Le vendre, c’est mieux.

Oui mais alors, quand on ne s’appelle ni Marc Lévy, ni PPDA, on fait comment pour que les lecteurs s’entre-tuent, la bave au coin des lèvres, pour s’arracher notre oeuvre le jour de sa sortie comme si leur vie en dépendait ?

C’est après avoir dû répondre environ 47 fois par jour à la question « il est à la Fnac ton bouquin ? » (juste derrière celle qui revient 154 fois par jour, j’ai nommé : « Alors, c’est pour quand le deuxième ? » ; c’est pas comme si j’avais déjà grave galéré ma race pour arriver à écouler 75 exemplaires du premier… Non mais c’est vrai quoi, les gens demandent ça comme ils le demandent à leur nièce qui galère sans doute tout autant sa race pour arriver à pondre un deuxième gamin dans l’espoir de faire cesser les rumeurs lancées par sa belle-mère qui aimerait quand même avoir un deuxième petit enfant avant de crever ;  bon sang mais on est des femmes libres, arrêtez de nous foutre la pression ! Enfin tout ça pour dire que « le deuxième » n’est pas prêt d’arriver). C’est après avoir dû répondre environ 47 fois par jour à la question « il est à la Fnac ton bouquin ? » disais-je, que je me suis résolue à me pencher sur la question.

Après tout c’est vrai que dire à quelqu’un « j’ai écrit un bouquin, tu peux le trouver à la Fnac », ça sonne carrément mieux que « j’ai écrit un bouquin, je le vends par le biais d’un blog qui est visité 2 fois par semaine, et encore je me demande s’il comptabilise pas mes propres visites cet enfoiré ».

Quelques recherches Googlesques plus tard, j’ai appris que pour que la Fnac vende un bouquin qui n’est pas estampillé « Albin Michel » et autres « Gallimard », il faut se rendre dans la Fnac la plus proche et demander au vendeur du rayon livre le contact de quelqu’un qui bosse au (saint) siège, à qui on envoie ensuite un exemplaire et qui, s’il est cool, se fera un plaisir de le référencer. Après quoi il suffira de se rendre dans chaque Fnac, une par une, pour les supplier de commander quelques exemplaires dans l’espoir qu’un jour, un lecteur passant par là choisisse MON bouquin, coincé sur une étagère du rayon où d’habitude personne ne va jamais, entre la biographie d’un ancien empereur chinois absolument inconnu et un livre des plus belles recettes à base de pieds de porc.

Bref, me voici donc à la Fnac d’Avignon pour ne pas la citer, expliquant à la meuf du rayon livres que j’aimerais faire référencer le mien par ce gentil magasin qui l’emploie. Elle me demande le titre, pianote sur son clavier et me dit « Euh, j’le trouve même pas sur Google ».  Je m’insurge. Je veux bien n’en avoir vendu que 75 exemplaires, mais quand même, il est au moins sur Amazon quoi. Je sens que l’argument fait mouche, un peu rassurée elle recommence à chercher. « J’trouve toujours pas, vous pouvez regarder ? ». Ah. Forcément, elle a tapé « Jeune et beau ». J’avais oublié que j’étais à Avignon et que pour qu’elle comprenne « bon » j’aurais dû dire « bonggggg ». Nous tombons enfin sur ma fiche produit Amazon. Elle copie le numéro ISBN (si c’était pour faire ça je l’avais sur moi le numéro, m’enfin…), le colle dans la barre de recherche Fnac.com et me lance « Ah bah, il est pas référencé ». Non, tu déconnes ? Figure-toi que c’est justement pour ça que je suis venue…

Je lui ré-explique donc que ce que je voudrais, c’est qu’elle me confie le secret, le nom de cette fameuse personne à qui on doit envoyer l’exemplaire et… « Euh… Ouais mais j’sais pas, faut contacter le siège ». Oui, bon, d’accord. Mais, qui, où, comment ? « J’en sais rien moi, le siège on les contacte jamais, c’est toujours eux qui nous appellent », me dit-elle presque apeurée comme si elle parlait d’un parrain de mafia. « Au pire, appelez le service client, ils savent, eux ». Un post-it avec un numéro à 78€50 la minute, c’est donc tout ce que je réussirais à obtenir.

Une fois chez moi, j’appelle ces gens avec à peu près autant d’espoir qu’un enfant de 3 ans quand il compose le numéro du Père Noël. Je tombe sur quelqu’un, lui formule clairement ma demande : « Bonjour, je voudrais savoir comment faire référencer par la Fnac un livre que j’ai écrit, s’il vous plait ». Je n’entends pas de réponse. Attends, c’est mon portable qui capte mal ou… ah peut-être que le service client est au fin fond de l’Inde, ça aide pas, ou bien… « Pardon, mais là vous me posez une colle » répond-il enfin au bout de 15 secondes de silence, « je vais demander à ma chef ». Trois minutes plus tard (ou devrais-je dire, 235€50 plus tard), il est de retour. « Allo ? – Oui ? – Ah, vous êtes encore là… » ne peut-il s’empêcher de dire d’un air déçu. « Bon bah au pire appelez le siège, ils savent, eux ». Il me donne gentiment le numéro et raccroche.

J’ai appelé le siège. Après avoir tenté de « prononcer la raison de mon appel » 4 fois sans que le serveur vocal ne comprenne, puis appuyé sur 2, puis sur 4, puis sur 1, puis attendu… Je suis ENFIN tombé sur une personne qui m’a confirmé que c’était bien elle qui s’occupait des référencements. Miracle. « Par contre, vous avez un éditeur ? – Oui », réponds-je fièrement. « Ah, alors dans ce cas c’est votre éditeur qui doit nous contacter, pas vous ». DAMNED.

Monsieur l’éditeur, je vous en conjure, poursuivez mon combat. Que je n’aie pas fait tout cela pour rien, que mon acharnement paye, qu’un jour les « Il est à la Fnac ton bouquin ? » soient remplacés par des « Tiens, j’ai acheté ton bouquin à la Fnac ». Bon enfin, sinon, au pire, je continuerai de le vendre par le biais du blog. D’ailleurs, hé, y’a un visiteur là, y’a un visiteur !!

Ah non… C’est moi.

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