Ecrire un livre, c’est bien. Le vendre, c’est mieux. Comment ça, je l’ai déjà dit ?
Il faut bien l’avouer, les ventes stagnent.
Quand on a fait le tour de toute sa famille (à quelques exceptions près : on a tous dans nos familles quelqu’un qui rechigne à claquer 20 euros dans un bouquin écrit par sa nièce, sa filleule, sa cousine… Si, si, je vous jure, vous seriez surpris !), de tous ses amis (à quelques exceptions près : on a tous dans nos amis quelqu’un qui demande l’air de rien si « t’aurais pas une version PDF à m’envoyer ? », sous-entendu « j’t’aime bien ma poule mais si tu pouvais me filer ton truc gratos, ça m’arrangerait grave »… Et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense), de tous les gens-qu’en-fait-on-aurait-jamais-pensé-une-seule-seconde-qu’ils-puissent-l’acheter-mais-putain-en-fait-si-et-c’est-grâce-à-ceux-là-qu’on-reprend-confiance-dans-le-genre-humain, bref, quand on a fait le tour de tout ça, on a l’impression d’avoir bouclé la boucle.
Et ma boucle, elle fait 84 bouquins.
Quand on me demande combien j’en ai vendu, et que je réponds environ 80, il y a deux types de réaction. D’un côté les « wouah, ah ouais quand même ! », qui te donnent envie de répondre en bombant le torse « hé ouais petit, quand même, mon agent m’a dit que Ruquier n’arrêtait pas d’appeler pour m’inviter sur le plateau de son émission, mais on le fait poireauter un peu, pour le fun », de l’autre les « c’est tout ? », qui te donnent envie de répondre que, bin, attends, euh, d’abord, c’est que, mais aussi il faut dire que… Bref, qui te donnent envie de ne rien répondre du tout, d’aller chercher les stocks d’exemplaires invendus qui croupissent au fond d’un carton dans ta chambre, d’arracher les pages une à une et de te moucher avec en sanglotant jusqu’à ce que ton nez saigne.
Mais laisser tomber, c’est pas mon genre. Au grand dam de mon éditeur qui se voit depuis quelques temps harcelé de jolis emails rédigés de ma plus belle plume, l’encourageant un coup à contacter la Fnac pour faire référencer mon chef d’oeuvre ; un coup à faire le nécessaire pour qu’Amazon corrige son bug qui consiste à écrire que mon bouquin est en rupture de stock alors que c’est faux (ils feraient bien de venir voir le carton débordant dans le coin de ma chambre s’ils en doutent), un coup à me donner des informations quant au nombre astronomique de livres qu’il a dû vendre de son côté, j’en veux pour preuve le message d’un parfait inconnu qui, sur Twitter, me remercie de l’avoir écrit, et bon sang si y’en a un, y’en a certainement d’autres, et j’aimerais bien toucher mes milliers d’euros de droits d’auteur avant la prochaine potentielle fin du monde (ne rigolez pas, je viens de me renseigner, elle est prévue le 15 février 2013).
Bref, étrangement, les seuls emails auxquels j’obtiens des réponses sont ceux où je lui fais part de mon intention de renflouer mon stock de mes propres bouquins (oui oui, je les lui achète pour pouvoir les revendre…), mais ne soyons ni paranoïaques ni médisants, sans doute s’agit-il d’une totale coïncidence.
Toujours est-il que j’ai décidé de résoudre moi-même l’équation :
J’ai atteint toutes les personnes de mon entourage + Ceux que je ne connais pas et qui donc habitent loin pour la plupart, et qui peuvent être intéressés, ne peuvent ni l’acheter à la Fnac ni le commander sur Amazon + Mon éditeur fait le mort presque aussi bien que mon chien = Je vais lancer une version numérique que je gérerai moi-même et que les gens du monde entier pourront se procurer.
Avouez que l’idée est géniale.
C’est donc armée d’un tutoriel génial (Monsieur Jean-Claude Dunyach, qui que vous soyez, vous êtes mon héros) et de plusieurs dizaines d’heures de patience que je me suis lancée. Énième mise en page de ce bouquin que j’ai fini par ne plus blairer tellement je l’ai lu (pourtant je vous jure, il est génial hein), téléchargement de logiciels aux noms barbares (Sigil, Calibre, Atlantis ; non il ne s’agit pas d’une formule magique d’Harry Potter), enrichissement des métadonnées, création du fichier MOBI… j’en ai bavé grave, mais une semaine après, il était là. Il ne restait plus qu’à le mettre en vente sur Amazon. Dimanche 23 décembre, je fais le nécessaire. Amazon m’informe que la vérification prendra 48h. Je fais le calcul. Evidemment avec la chance que j’ai, ça tombe un jour férié. Bordel, ça sera pas validé avant au moins mercredi.
Et puis, quelques heures plus tard, 6 heures pour être exacte, je reçois un email. Amazon m’écrit pour m’annoncer que mon Ebook a été validé. Il y a donc quelqu’un, quelque part dans le monde, qui bosse le dimanche pour relire des bouquins. C’est dingue. Niveau réactivité y’a rien à dire, si ce n’est que j’en connais un qui devrait en prendre de la graine.
C’est donc avec fierté que je vous annonce que mon livre est téléchargeable en version Ebook en cliquant ici, au prix incroyable de 7€21. En plus, Amazon propose de télécharger gratuitement le logiciel qui permet de lire les Ebooks sur PC, tablettes et smartphones. Et vous avez même le droit de lire, toujours gratuitement (j’insiste, je sens que ce mot est un argument convaincant pour certains), les 2 ou 3 premiers chapitres (qui, croyez-moi, ne sont pas les meilleurs, mais ça seuls ceux qui l’achètent le savent, héhéhé).
Voilà, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Aidez-moi à dépasser ce foutu nombre 84, fichtre, si vous ne le faites pas pour moi, faites le pour ces pauvres exemplaires qui, du fond de leur carton dans un coin de ma chambre, me regardent avec un air dépité et prient très fort pour ne pas finir en lambeaux déchiquetés dans le bruit de mes profonds sanglots.
Franchement, si avec ça les ventes décollent pas, je vais finir par être obligée d’accepter l’invitation chez Ruquier.